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Société

Dans le 9-3, les orthophonistes réapprennent aux jeunes à dire « Ta mère ! »

Les professionnels de l’orthophonie et les associations tirent la sonnette d’alarme. Selon eux, les troubles de la communication font des ravages dans les banlieues françaises. Une nouvelle pathologie du langage semble toucher les jeunes des quartiers dits sensibles. De plus en plus de garçons et de filles ne parviennent plus à dire « Ta mère ! » correctement. Reportage.

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 mar 


Les professionnels de l’orthophonie et les associations tirent la sonnette d’alarme. Selon eux, les troubles de la communication font des ravages dans les banlieues françaises. Plus encore que les carences en orthographe ou en grammaire, une nouvelle pathologie du langage semble toucher les jeunes des quartiers dits sensibles. De plus en plus de garçons et de filles ne parviennent plus à dire « Ta mère ! » correctement. Reportage.

Des années de laisser-faire

L’association Ta mère Sans Frontières (TSF) est un des fers de lance de ce combat. Elle organise dans différentes cités de Seine-St-Denis des stages de normalisation du langage. Fabienne Mailhol est orthophoniste depuis plus de 20 ans dans le 93. Elle intervient régulièrement à l’occasion de ces stages et pose le constat d’une situation qu’elle juge alarmante : « Tous les jours je suis confrontée à des jeunes qui ne peuvent plus prononcer « Ta mère ! » normalement. Ils se mettent tous à le dire d’une manière excessivement sèche et agressive. Ils le déforment tellement qu’ils ne se comprennent même plus entre eux quand ils s’insultent. Et cette anomalie gagne du terrain depuis des années. Je crois qu’on a là le résultat d’une décennie de laisser-faire de la part des pouvoirs publics mais aussi de certains de mes collègues ».

Pour sensibiliser les esprits, l’association TSF organise chaque semaine une journée portes-ouvertes à son siège de Bobigny. Lors de cette journée une série d’ateliers pédagogiques est proposée aux jeunes désireux de soigner ce trouble du langage. Samy est l’un d’eux. Atteint de ce nouveau mal depuis quelques temps il souhaite mettre fin à ce comportement qui le handicape au quotidien : « Avec certains copains ça passe encore. Mais bizarrement avec « Ma mère ! » ça passe carrément pas. Elle me demande de répéter quinze fois et j’y arrive pas. Alors c’est elle qui m’a envoyé ici. J’espère corriger ça assez vite ».

Un long réapprentissage

Pour les jeunes comme Samy qui veulent sortir la tête de l’eau, le chemin est long et difficile. Il s’agit pour eux de corriger des années de mauvaise diction. Fabienne Mailhol est consciente du long réapprentissage qu’il reste à mener mais elle garde espoir : « C’est une masse de travail énorme qui nous attend mais notre méthode est efficace.  Nous utilisons un système d’action-récompense qui marche depuis des années. Il a déjà fait ses preuves avec les dauphins du Marineland d’Antibes entre autres et je sais qu’en l’adaptant à notre public nous devrions y arriver ».

Le Gorafi

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