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Société

Paris : Une association d’anciens usagers fait visiter la ligne 13 à des collégiens

C’est un passage de flambeau. Celui d’une génération à une autre. Depuis septembre, une association d’anciens usagers de la ligne 13 du métro parisien a décidé de transmettre le récit de son expérience aux collégiens d’Ile-de-France. Une belle initiative qui vise à entretenir les mémoires et les consciences des plus jeunes sur l’histoire de la ligne 13 et ses ravages dans l’Histoire de l’humanité. Témoignage

Publié le

 mar 


C’est un passage de flambeau. Celui d’une génération à une autre. Depuis septembre, une association d’anciens usagers de la ligne 13 du métro parisien a décidé de transmettre le récit de son expérience aux collégiens d’Ile-de-France. Une belle initiative qui vise à entretenir les mémoires et les consciences des plus jeunes sur l’histoire de la ligne 13 et ses ravages dans l’Histoire de l’humanité. Témoignage

« Comprendre la souffrance des usagers »

Marcel a 85 ans et l’œil toujours vif. Il est né en 1927. Habitant depuis sa naissance Place de Clichy, la ligne 13 a toujours fait partie de sa vie. Pendant des décennies, il a effectué le trajet sur la ligne tous les jours pour se rendre au travail. Jusqu’au milieu des années 90 où tout a basculé : « Au début, c’était le paradis cette ligne. Il y avait de l’espace partout. Les gens étaient heureux de l’emprunter. C’était magnifique jusqu’en 95-96. Là, c’est petit à petit devenu cet enfer qui se perpétue encore aujourd’hui. »

Alors, voyant la situation s’enliser et la saturation s’intensifier, il a décidé de monter l’association « L13 » avec d’autres anciens usagers. Des anciens usagers qui, à un moment de leur calvaire, ont décidé comme lui de résister en se détournant vers la ligne 4 ou la ligne 12 voire en empruntant d’autres moyens de transport. Pour Marcel, sa mission auprès des élèves est simple : « Nous les emmenons directement sur la ligne 13, direction Asnières-Gennevilliers ou St-Denis, pour qu’ils comprennent, qu’ils sentent ce que ça signifie d’être usager de la ligne 13. Il est nécessaire, pour éveiller leur conscience, qu’ils aient le vécu d’un trajet sur cette ligne. Même si c’est seulement 2-3 stations. Ce ne sont encore que des enfants après tout… »

Donner une raison à la souffrance

Une expérience que l’octogénaire accompagne d’un travail d’historien : « Avec eux, nous revenons bien sûr sur les raisons qui ont conduit à cette horreur des transports en commun. Nous leur expliquons tout : l’impact de la correspondance avec la ligne 14 à St-Lazare, le développement économique et démographique en Seine St-Denis etc… Nous leur apprenons tout ça pour qu’ils intègrent les causes de la souffrance, de leur future souffrance peut-être.»

Tony est en 3e au collège Albert Camus de Bois-Colombes dans les Hauts-de-Seine. Il fait partie de ces collégiens qui participent à cette sortie organisée par Marcel et l’association L13. Alors que pour l’occasion il vient d’effectuer son premier voyage à bord de la terrible rame, il semble encore sous le choc : « Heu…je pensais pas que ça pouvait exister ce genre de trucs. Franchement, c’est horrible. Les gens qui sont là, ils subissent ça tous les jours. C’est injuste ! Moi je pense qu’ils devraient pas souffrir comme ça. C’est pas bien… »

Guillaume est un ancien usager lui aussi. Né au début des années 70, il fait partie de cette 3e génération de passagers. La génération sacrifiée comme on l’appelle. Celle durant laquelle le tournant historique de la ligne a eu lieu. C’est encore avec des trémolos dans la voix qu’il témoigne devant les collégiens qu’il accompagne : « Je suis né en 1971 et j’avais un peu plus de 20 ans quand les ennuis ont commencé. Dans ma mémoire, je n’ai que quelques bribes de souvenirs de ce métro non saturé. Des bribes qui remontent à l’enfance… » Et l’ancien usager de continuer : « Même si je ne l’ai que très peu connue dans sa belle période, je le sais : oui une ligne 13 calme et agréable, c’est réalisable, ça a existé à un moment de notre histoire. Et aujourd’hui, je veux montrer à ces gamins qu’une autre ligne 13 est possible. »

Le Gorafi

Illustration : wikicommon / http://www.flickr.com/photos/terrazzo/

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