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Société

Une femme inquiète de voir son mari se googliser toute la nuit

Qui n’a jamais tapé son propre nom sur Google ? Nous avons tous, à un moment donné, voulu constater si nous étions un peu connus ou simplement voir par sécurité où et comment nous étions mentionnés sur le Net. Mais pour certains internautes, cela peut devenir une véritable obsession. C’est le cas de Thomas, qui, depuis des semaines, passe la quasi-totalité de ses nuits à se googliser. Sa femme se dit inquiète. Reportage.

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 mar 


Qui n’a jamais tapé son propre nom sur Google ? Nous avons tous, à un moment donné, voulu constater si nous étions un peu connus ou simplement voir par sécurité où et comment nous étions mentionnés sur le Net. Mais pour certains internautes, cela peut devenir une véritable obsession. C’est le cas de Thomas, qui, depuis des semaines, passe la quasi-totalité de ses nuits à se googliser. Sa femme se dit inquiète. Reportage.

« Comme une autre personne »

« Je me souviens, ça a commencé une nuit, j’ai cru qu’il faisait une insomnie. » nous relate Maud, 27 ans, la compagne de Thomas. Elle a vu son mari s’enfoncer petit à petit dans une spirale narcissique sans fin mais a cru au début à quelque chose de normal : « C’était il y a 5-6 semaines. Il était 3h du matin et j’ai vu qu’il n’était plus à côté de moi dans le lit. Il était devant l’ordi à taper en boucle son nom sur Google. Il m’a dit de venir voir, j’ai regardé vite fait. Il n’y avait quasiment rien. Un lien vers une liste des diplômés du Bac du lycée où il était et une photo sur le blog d’un ami où il apparaissait. Mais c’est tout. Après, je suis allée me recoucher toute seule. J’aurais pas du le laisser là.»

Les nuits de ce genre se mettent à se multiplier. Deux par semaine, puis trois. Aujourd’hui, Thomas passe chacune de ses soirées jusqu’à l’aube à chercher des indices de son existence sur la toile. Une fixation que Maud a vu petit à petit détruire la vie de son homme : « Il a l’air épuisé. Il mange mal. Il a reçu 2 avertissements au travail parce qu’il s’est endormi à son poste. On ne fait même plus l’amour. J’ai l’impression de vivre avec un zombie. »

Car le comportement du trentenaire s’est aussi mis à changer vis-à-vis de sa compagne. Il a, au fil de ses insomnies, développé une agressivité particulière, s’enfermant dans son monde narcissico-numérique : « Quand je vais le voir la nuit pour tenter de le ramener, il ne répond même plus. Il a les yeux injectés de sang et quand on essaie de l’empêcher physiquement de continuer, il se met à crier. Il m’a même mordu au bras une fois. J’ai peur… » nous confie Maud.

Une pathologie des temps modernes

Mireille Lotant est psychiatre à l’hôpital de la Pitié-Salpétrière : « Il s’agit d’une forme de névrose très rare. Un genre de syndrome de Narcisse puissance 10, sauf que l’écran 17 pouces a remplacé la source historique. » et l’experte de continuer : « Quant à l’agressivité extrême que présente Thomas, il s’agit d’un symptôme caractéristique de la culture numérique. Puisqu’en effet, on a également constaté ce type de réaction chez des accros à Counter Strike ou World of Warcraft à qui l’on coupait subitement le courant électrique ».

La Rédaction

Illustration : iStock

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