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Monde Libre

Russie : 3 ans de camp requis contre la femme qui avait éternué par erreur sur une affiche de Vladimir Poutine

La répression politique en Russie va-t-elle trop loin ? Le 3 juillet dernier, Alyona Blinova, une jeune étudiante en économie de 22 ans était arrêtée en pleine rue à Moscou. Son tort ? Avoir éternué sans le vouloir sur une affiche politique à l’effigie de Vladimir Poutine. Une erreur de trajectoire qui pourrait lui coûter cher puisque la jeune femme comparaît actuellement pour incitation à la haine et tentative de coup d’état. Le pouvoir russe semble vouloir sa tête plus que tout après la réquisition du parquet qui demande ni plus ni moins que l’internement en camp de la pauvre moscovite. Les associations de défense des droits de l’homme, elles, crient au scandale et à la dictature. Reportage.

Publié le

 mar 


La répression politique en Russie va-t-elle trop loin ? Le 3 juillet dernier, Alyona Blinova, une jeune étudiante en économie de 22 ans était arrêtée en pleine rue à Moscou. Son tort ? Avoir éternué sans le vouloir sur une affiche politique à l’effigie de Vladimir Poutine. Une erreur de trajectoire qui pourrait lui coûter cher puisque la jeune femme comparaît actuellement pour incitation à la haine et tentative de coup d’état. Le pouvoir russe semble vouloir sa tête plus que tout après la réquisition du parquet qui demande ni plus ni moins que l’internement en camp de la pauvre moscovite. Les associations de défense des droits de l’homme, elles, crient au scandale et à la dictature. Reportage.

Une sanction pour l’exemple

Maria Gromyko est une journaliste russe indépendante. Elle a couvert l’affaire depuis son début. Militante dans la section russe de Human Rights Watch, elle dénonce le procès qui est fait à Alyona Blinova : « C’est inadmissible. C’est une violation évidente des droits de l’homme, qui plus est pour un motif d’une folle absurdité. On va potentiellement emprisonner cette personne parce qu’elle a éternué par erreur sur le poster d’un homme politique. » Et la défenseuse des droits de préciser : « Ça aurait été volontaire, j’aurais tenu un autre discours. Mais là c’est totalement involontaire. On peut difficilement se contrôler quand l’envie d’éternuer vous prend, et peu importe le support qui se trouve en face de votre visage à ce moment là. »

Une position intolérable selon Dmitri Peskov, le porte-parole du Kremlin : « C’est un acte très grave. Une insulte qui n’est pas très loin de l’acte insurrectionnel. La justice russe ne peut laisser passer ça en toute impunité. Notre pays est une contrée de liberté, de respect et de tolérance et nous ne pouvons tolérer une agression de la sorte envers notre président. » Le représentant de l’exécutif a également précisé : « Nous espérons que le juge qui s’occupe de ce dossier fera preuve d’une implacable sévérité. Si jamais il venait à prendre une décision dans le sens contraire, bien que la liberté des juges vis-à-vis du pouvoir doive être protégée, le gouvernement russe tient juste à dire que nous connaissons l’adresse exacte du juge en question. »

Dans l’opinion publique russe, l’affaire divise même si bon nombre de citoyens, à l’instar de Sergueï Fradkov, disent comprendre la colère du gouvernement : « C’est triste mais tellement compréhensible aussi. On n’éternue pas sur une image de Poutine ou alors on n’a pas bien capté dans quel pays on était. Quelque part elle l’a un peu cherché. Alors, c’est sûr qu’une peine de trois ans de camp serait peut-être un peu dure. Mais il faut au moins qu’elle s’en tire avec un avertissement, ne serait-ce que pour montrer aux délinquants qu’on ne peut pas tout se permettre. »

Vladimir le sauveur

Pour l’instant, le principal intéressé, à savoir le président russe Vladimir Poutine, se terre dans le silence. L’homme politique veut sans doute éviter d’attiser le mécontentement des autres pays comme les Etats-Unis ou les nations de l’Union européenne. Certains observateurs comme Laure Delcour de l’IRIS (Institut des Relations Internationales et Stratégiques) y voient une stratégie du leader russe qui pourrait s’avérer payante : « Il prépare probablement son intervention sur le sujet. Il va sans doute vouloir intervenir en sauveur en demandant la clémence de la justice. Comme ça il apparaîtra comme un homme ouvert et tolérant aux yeux des Russes et de leurs alliés. En géopolitique on appelle ça la technique du renard. Une tactique que Poutine maîtrise comme personne. »

La Rédaction

Illustration: WikiCommons / Presidential Press and Information Office
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