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Société

Drogues – Un programme gouvernemental pour aider ces adultes encore accros à la colle Cléopâtre

Ils ont entre 25 et 35 ans. Ils ont tous une chose en commun : une addiction chronique à la colle Cléopâtre, une colle très populaire dans les années 80 et 90, à base d’amande et de pomme de terre et à l’odeur très agréable. Tellement agréable, que les enfants s’amusaient souvent à la goûter. Un geste fatidique qui précipitait alors l’enfant dans un cercle sans fin d’addiction. Aujourd’hui, parfois plus de 15 ans après, certains adultes et jeunes adultes continuent de ressentir des crises de manque ou consomment en cachette leur colle préférée. Reportage.

Publié le

 mar 


Solène* a 28 ans. Elle a deux enfants adorables, un mari qui l’aime, des voisins qui l’apprécient. Pourtant Solène cache un triste secret. Plusieurs fois par jour, elle ferme les volets de sa maison et, à l’abri des regards, sort un petit pot de colle Cléopâtre qu’elle va goûter à plusieurs reprises, tout en jetant des regards suspects autour d’elle. « Cela fait plus de 20 ans. Depuis l’école primaire en fait ». Mais Solène n’a jamais réussi à dire la vérité à son mari ou ses enfants. « J’ai peur qu’ils me jugent, je ne veux pas qu’ils sachent que leur maman n’est qu’une junkie ». Mais hélas, l’histoire de Solène ressemble à beaucoup d’autres.

Comme par exemple Éric, 32 ans, de Saint-Étienne. Pour lui tout commence en 1984, un pot de colle Cléopâtre qu’il goûte à l’école, attiré par l’odeur. Puis c’est la spirale, inéluctable. « Au lycée je consommais plusieurs pots par semaine. Mais je n’étais pas le seul, les pots se vendaient sous le manteau dans la cour ». Mais parfois il y avait des accidents « J’ai des amis qui sont tombés gravement malades, quelqu’un avait abusé de leur faiblesse et on leur avait vendu de la fausse colle, c’était terrible ». Aujourd’hui Éric avoue arriver à bout. « Parfois la pulsion survient, par exemple au volant. Je suis obligé de m’arrêter. Par chance j’ai toujours un pot de colle dans la boîte à gant ».

Des témoignages comme ceux d’Éric et Solène, il en existe des milliers. Des milliers de Français qui vivent leur toxicomanie et leur addiction de manière cachée, honteuse. Aujourd’hui, le ministère de la Santé et l’Éducation nationale lance un premier programme de désintoxication et d’aide pour tous ceux qui ont été touchés par ce fléau. La ministre l’a annoncé ce matin : « Nous allons ouvrir des centres d’aides dans plusieurs écoles et collèges. La colle est encore utilisée dans certains établissements, et plus tôt nous détectons les consommateurs, plus vite ils peuvent être soignés ».

Une aide qui sera apportée par des plaquettes d’information et des patchs, les consultations resteront anonymes, la police assure qu’elle n’effectuera aucune poursuite. Le programme prévoit aussi l’ouverture de cinq salles de shoot exclusivement consacrées à la consommation de la colle Cléopâtre, une initiative qui va faire sans doute couler beaucoup d’encre.

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