Société

Le racisme anti-chinois encore considéré comme « pas vraiment raciste » par 27% des Français

Alors que les tensions suite à la mort d’un Chinois abattu par la police à Paris commencent à peine à retomber, un sondage Elabe pour le Gorafi montre que plus d’un quart des Français peine encore à s’émouvoir des actes xénophobes à l’encontre de cette population.

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Le plus souvent, ce ne sont que « des blagues, des piques », toujours les mêmes : imiter l’accent chinois quand on passe sa commande chez le traiteur, se demander comment ils font pour bien voir avec les yeux bridés, s’inquiéter de leur rachat des tabacs et des petits commerces… Des incivilités plus que du racisme assumé mais qui, pour la communauté chinoise en France, contribuent à alimenter un sentiment de défiance et de discrimination ordinaire. « Quand une cliente huppée du 16e arrondissement viens nous acheter des nouilles, vous nous voyez prendre la voix de Valérie Lemercier ? Non, eh ben voilà », s’agace Li, restaurateur à Neuilly.

De fait, si avec un FN crédité de 23,5% d’intentions de vote au premier tour il serait hardi de prétendre que la France n’est pas un pays raciste, les actes et propos xénophobes à l’encontre des communautés noire et arabe sont, sans conteste, bien moins acceptées socialement. Pourquoi ce traitement différencié ? Notre enquête offre quelques éléments de réponse.

« Si ce n’est pas toi c’est donc ton frère »

Pour 63,7% des sondés, le fait « qu’ils se ressemblent tous rend difficile l’empathie à leur égard ». L’incapacité de nombre de Français « caucasiens » à distinguer un Chinois d’un autre Chinois tendrait ainsi à alimenter la perception de la communauté dans son ensemble comme une masse humaine impersonnelle – une vision dont on trouve déjà les prémisses dans les propos d’OSS 117, « Si ce n’est pas toi c’est donc ton frère ».

84,2% des personnes interrogées citent également le nombre « délirant » de Chinois comme facteur d’explication de ce deux poids-deux mesures. La plupart des sondés auraient ainsi « du mal à percevoir comme vulnérable ou susceptible une communauté aussi nombreuse », tandis que 58% d’entre eux considèrent que « vu qu’économiquement ils vont bientôt tous nous bouffer, autant ne pas prendre de pincettes pendant qu’on peut encore se le permettre ».

Enfin, de façon encore plus irrationnelle, 74% des sondés s’estiment « intimidés par le niveau des Chinois en maths » et identifient ce ressenti comme un facteur d’explication des incivilités à leur égard.
Au total, à la question « Se moquer des Chinois : raciste ou pas raciste ? », ce sont 27% des Français qui ont répondu « pas vraiment raciste ».

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