Société
Sa bonne humeur des vacances ne survit pas plus de trois secondes à sa première réunion
La détente et l’ataraxie furent de courte durée pour Marjolaine Du Tilleul. Cette trentenaire en audit a vu toute son énergie accumulée en deux semaines de vacances s’envoler en l’espace de trois petites secondes lors de sa réunion commerciale de rentrée.
“Dès qu’on m’a demandé si j’étais prête pour le “kick-off meeting”, je me suis senti vaciller” témoigne Marjolaine à la machine à café. “Mais c’est quand mes collègues ont employé les mots “dev” “report” “remote” et qu’ils m’ont demandé si je pouvais “faire un récap sur Slack” des points “concernants” que j’ai compris que je ne connaîtrais plus jamais la joie” ajoute la cheffe de projet encore sous le choc.
Pleine de ressources, Marjolaine songe dans un premier temps à plonger dans sa vie intérieure et à s’évader en se remémorant des souvenirs de ses vacances en Crète. Mais elle est hélas vite rappelée à l’ordre par sa N+1 : “elle a commencé à dire des choses comme “disruptif” “straight-forward” et “no-brainer” et c’est à partir de là que j’ai perdu tout souvenir de mes vacances. Aujourd’hui encore je ne sais plus où je suis partie” ajoute Marjolaine.
Aussi inquiétant qu’il puisse sembler, le cas de Marjolaine n’est malheureusement pas isolé. La médecine du travail s’inquiète ainsi du nombre important de cadres parisiens ayant perdu absolument toute résolution, toute motivation et toute trace de bronzage après avoir passé une minute et quarante secondes dans le RER.