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Culture

Michel Drucker : « Achevez-moi… »

Dans un entretien exclusif accordé au Gorafi, Michel Drucker prend la parole. L’animateur télé et radio, 70 ans dont 48 de carrière, se dit épuisé. Celui qui aujourd’hui reçoit les plus grands sur son fameux canapé rouge ne demande qu’une chose : partir dans la dignité. Un souhait que ne sont visiblement pas prêtes à lui accorder les radios et chaînes de télé qui l’emploient. Aujourd’hui, il témoigne de son insupportable souffrance. Entretien.

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 mar 


Dans un entretien exclusif accordé au Gorafi, Michel Drucker prend la parole. L’animateur télé et radio, 70 ans dont 48 de carrière, se dit épuisé. Celui qui aujourd’hui reçoit les plus grands sur son fameux canapé rouge ne demande qu’une chose : partir dans la dignité. Un souhait que ne sont visiblement pas prêtes à lui accorder les radios et chaînes de télé qui l’emploient. Aujourd’hui, il témoigne de son insupportable souffrance. Entretien.

Le droit à l’euthanasie… au moins télévisuelle

C’est un homme en bout de course qui passe la porte de notre rédaction hier après-midi. Le visage d’une blancheur quasi spectrale, recroquevillé sur lui-même à l’extrême, Michel Drucker nous donne une image bien différente de celle à laquelle il avait habitué les téléspectateurs jusque là. Dès le début de notre entretien, il entre dans le vif du sujet avec sa voix faiblarde entrecoupée de lourdes reprises de souffle : « Cela fait trop longtemps. Trop longtemps que je vis sur vos écrans et dans vos radios. Aujourd’hui, j’ai besoin que vous me laissiez partir. »

Dans une longue diatribe contre les médias, le présentateur revient ensuite sur ce décalage entre l’image qu’il donne à la télé, à la radio et la réalité qui se cache derrière les paillettes. Une réalité faite de souffrance et qui pour lui ressemble de plus en plus à un chemin de croix : « Tout ce que vous voyez de moi est faux. Si jusque là j’avais l’air de bien me porter, c’est qu’il y avait tout un tas de trucages pour entretenir la supercherie : maquillage, doublure, effets spéciaux etc… Mais dès que je suis hors antenne, je ne suis que l’ombre de moi-même. Il faut que cette hypocrisie s’arrête. »

Michel Drucker est un septuagénaire au bord de la rupture physiquement mais aussi psychologiquement comme il le souligne : « J’ai vu des civilisations entières s’éteindre. Depuis le temps que je suis là, tous les proches que j’aimais sont partis les uns après les autres et cela me rend affreusement triste. Cette capacité à tenir que tout le monde loue est en fait une malédiction, je vous le dis. Car aujourd’hui, je suis vide à l’intérieur. Je n’ai plus rien et ce constat me fait terriblement souffrir. »

Problème de relève ?

Quand il tente de comprendre les raisons de cette souffrance, son attention se porte très vite sur les diffuseurs. A chaque fois qu’il a demandé à partir, les directeurs d’antenne lui ont répondu qu’il était indispensable, que personne n’avait les épaules pour le remplacer. Un point de vue qu’il dément : « Les jeunes animateurs consensuels  et sans relief sont là ! Ils ne demandent qu’à travailler. Pourquoi un Vincent Cerruti n’a-t-il pas encore pris ma place ? Quid de Jérémy Michalak qui possède pourtant un profil prometteur? Frédéric Lopez serait également parfait pour reprendre le poste. L’avez-vous déjà vu une seule fois engager une polémique ? Alors certes, il monte petit à petit en puissance mais il n’a pas aujourd’hui la place qu’il mérite. C’est-à-dire la mienne. »

Appel à l’aide

Michel Drucker décide de terminer cet entretien exclusif en passant un message à ses employeurs mais aussi à qui aura la main généreuse : « Ma situation aujourd’hui est celle d’un être en proie à une souffrance intolérable. Alors je vous en prie, Arnaud (Lagardère – propriétaire d’Europe 1), Rémy (Pfimlin – PDG de France Télévisions), débranchez-moi ! Coupez les caméras et laissez-moi m’en aller en paix. Et si jamais vous continuez à me refuser cette dignité à laquelle j’aspire, alors je m’adresse à qui acceptera de prendre cette lourde responsabilité : Achevez-moi… »

Le Gorafi

Illustration : Lionel Allorge / wikicommon

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