Société
Un plombier ne parvient pas à colmater la fuite du temps dans sa vie
C’est une situation ironique dont Serge Roucaute, plombier chauffagiste dans le Var, se serait bien passé. Cet artisan de 53 ans a une vie professionnelle qui lui réussit mais doit faire face à ce qui pourrait être le plus gros échec de sa vie. Alors qu’il est reconnu par ses clients pour son savoir-faire, ce dernier reste cependant impuissant face au temps qui s’écoule fatalement. Un dégât existentiel qu’il est incapable de réparer malgré sa compétence et les moyens techniques dont il dispose. Reportage.
« Je suis déprimé. Je suis capable de réparer n’importe quelle fuite, baignoire, radiateur, évier, etc… Mais face à celle de ma vie, je me retrouve comme un écureuil face au Kraken », confie-t-il, non sans tristesse, les cernes apparentes et les mains grosses comme des commodes Ikéa.
Depuis bientôt huit mois, Serge, père de trois enfants, a pris conscience de sa condition humaine, du caractère éphémère de son existence. Une vérité qu’il a tout d’abord voulu combattre : « J’ai évidemment pensé au mastic d’étanchéité en cartouche et à la pâte de résine mais ça n’a servi à rien. Pour certains, ça peut paraître évident mais on ne colmate pas une vie qui court vers son effondrement comme on colmate un bac de douche. Sauf si on considère qu’un bac de douche est un être vivant. Mais pour l’instant on n’en a aucune preuve. »
Face à ce revers professionnalo-métaphysique, Serge a dû se résigner à accepter le caractère implacable du temps qui emporte tout sur son passage, à commencer par la vitalité que Serge Roucaute a pu avoir étant plus jeune. Un constat qui l’a aussi ébranlé dans sa vision de ses propres compétences : « Je me demande comment je peux me présenter comme plombier professionnel alors que je suis incapable de boucher une simple fuite, quand bien même elle serait impalpable et métaphorique », nous explique-t-il, la barbe fraîchement rasée et les mains épaisses comme des cantines militaires.
De la plomberie à la philosophie
Pour surmonter cette crise existentielle, Serge a délaissé sa clé de 12 et son lot de joints plastiques pour se tourner vers les écrits d’illustres philosophes. Sénèque, Sextus Empiricus et autres Keen’V, tout y passe. Une série de lectures qui lui permet de relativiser et d’envisager cette fuite du temps sous un autre jour : « Je finis par me dire qu’il vaut mieux accepter les choses comme elles sont. Désormais, je vais arrêter d’essayer de colmater la fuite du temps comme celles des canalisations sinistrées pour lesquelles on m’appelle. »
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