Société
Tous les messages commençant par « Ce moment gênant où… » déposés à la Sacem par un inconnu
L’information est de taille mais est étrangement passée totalement inaperçue. Selon nos informations de sources contradictoires, un Français pour l’instant toujours inconnu aurait réussi l’un des plus grands hold-up de la langue française de toute l’Histoire. Ce dernier aurait en effet enregistré auprès de la Société des Auteurs, Compositeurs et Éditeurs de Musique plus de 7800 phrases qui commencent toutes par « Ce moment gênant où… ». Une expression extrêmement populaire sur les réseaux sociaux. Le mystérieux dépositaire vient donc devenir l’unique propriétaire d’une formulation désormais soumise au droit d’auteur et à la propriété intellectuelle. Les internautes, eux, crient au scandale. Décryptage.
L’information est de taille mais est étrangement passée totalement inaperçue. Selon nos informations de sources contradictoires, un Français pour l’instant toujours inconnu aurait réussi l’un des plus grands hold-up de la langue française de toute l’Histoire. Ce dernier aurait en effet enregistré auprès de la Société des Auteurs, Compositeurs et Éditeurs de Musique (Sacem) plus de 7800 phrases qui commencent toutes par « Ce moment gênant où… ». Une expression extrêmement populaire sur les réseaux sociaux. Le mystérieux dépositaire vient donc devenir l’unique propriétaire d’une formulation désormais soumise au droit d’auteur et à la propriété intellectuelle. Les internautes,
eux, crient au scandale. Décryptage.
Les réseaux sociaux amputés
L’événement que certains experts du Net appellent déjà « le casse du siècle » a eu lieu début juin dans l’indifférence la plus totale. Un individu, dont l’identité reste pour l’instant inconnue, a procédé à un dépôt colossal de messages dont la première partie présente le fameux gimmick « Ce moment gênant où… ». Cette personne vient donc de mettre la main sur une potentielle manne financière énorme. Et sa démarche est parfaitement légale selon Clara Tomasini, conseillère juridique à la Sacem. « La demande de ce monsieur est d’un point de vue formel tout à fait recevable. Aucun autre auteur n’ayant déposé ces textes-là avant lui, il est donc pleinement dans son droit. »
Ce dépôt de près de 1200 pages a nécessité le travail de quasi l’ensemble du personnel de la Sacem, comme le raconte Clara Tomasini : « C’est un enregistrement colossal qui a demandé deux semaines à nos services pour attester de la validité du dépôt. Mais tout est en règle. » Et la conseillère juridique de préciser : « L’auteur avait utilisé la police Comic Sans MS de taille 18, ce qui était assez agressif à la lecture. Mais nos chargés de vérification ont réussi à valider l’ensemble des textes de cet adhérent de la Sacem. »
Cette protection juridique massive auprès de la société de gestion des droits d’auteur devrait avoir de profondes répercussions. En effet, toute utilisation de phrases débutant par « Ce moment gênant où… » est désormais soumise à l’accord moral et financier de ce mystérieux dépositaire. Finis donc les « Ce moment gênant où tu crois qu’une star te suit alors que c’est juste une fan page… » et autres « Ce moment gênant où tu parles à ton ordinateur comme à un animal de compagnie (un peu relou) ».
Pour tous ceux qui souhaitent tout de même continuer à rédiger ce genre de messages, il faudra probablement débourser une coquette somme fixée par le propriétaire de l’expression. Ian Bouchez est internaute amateur. Pour lui, cette appropriation est aussi scandaleuse que dangereuse pour l’avenir des réseaux sociaux : « C’est n’importe quoi ! Les messages en « Ce moment gênant où… » font partie intégrante de la culture Internet. Si on peut plus les utiliser, c’est juste un appauvrissement inévitable des contenus numériques sur le Net qui nous attend. »
La question des versions étrangères
Cet enregistrement à la Sacem pourrait même bien avoir des conséquences à l’échelle de la planète. Le dépôt, même s’il a été effectué en français, lui donne également tous les droits sur de possibles dérivés dans d’autres langues : « Nous protégeons une œuvre dans toutes ses formes d’adaptation dont la traduction dans d’autres langues fait évidemment partie. Ce monsieur est donc également propriétaire de toutes les versions en langue étrangère de son œuvre, que ce soit « That awkward moment…» ou « Ese momento incomodo… » nous explique Clara Tomasini.
Suite à la validation de ce dépôt par la Sacem, Facebook et Twitter, entre autres, ont procédé à la suppression de tous les messages en « Ce moment gênant où… » afin d’éviter toute violation du droit d’auteur. Un nettoyage sans pincette que Ian Bouchez commente avec ironie sur son profil Facebook: « Ce moment gênant où FB supprime ‘’Ce moment gênant où…’’ ».
La Rédaction
Photo : iStock/LincolnRogers
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